TAMSIN-MAE ¶ Si un cafard et une souris peuvent trouver l'amour dans ce monde de dingue, alors moi aussi !

« Regarde la grosse ». Tamsin baissa le regard en passant devant le groupe de garçons, serrant tout contre elle ses livres dans l'espoir de cacher partiellement son ventre qu'elle trouvait trop gros, comme tout le reste de son corps. Comme chaque jour de lycée, la jeune fille n'avait qu'une envie : rentrer très vite chez elle pour se cacher des regards des autres. Elle avait beau être gentille, marrante et intelligente ; d'avoir des amis en or, elle se sentait mal parmi cette foule de gens qui n'avaient de cesse de la juger. Pourtant, Tamsin n'est ni du genre timide, ni du genre à se laisser intimider par les gens et encore moins à se laisser marcher sur les pieds. Mais elle était arrivée à un point où elle n'arrivait plus à lutter contre cela et toutes les remarques qu'elle entendait la blessaient maintenant au plus au point. Le pire fut que ce jour-là, elle devait auditionner pour un rôle dans une pièce de théâtre. La jeune fille avait toujours été douée pour la comédie et aspirait à une carrière d'actrice depuis ses cinq ans, mais carrière dont elle n'avait finalement plus envie au fur et à mesure des années. C'est sa mère et surtout sa petite soeur qui la poussèrent à quand même se présenter. Elles étaient persuadées que le talent de Tamsin était exceptionnel. Dans la salle, plusieurs dizaines de filles attendaient leur tour alors qu'une était sur scène. « Très bien Marissa... c'est au tour de Tamsin-Mae Washington. » La jeune fille leva le regard vers la scène alors qu'elle venait tout juste de s'asseoir. Tous les regards étaient braqués sur elle, mais surtout celui de Monsieur Mitchell, son professeur de littérature et accessoirement metteur en scène de la pièce. *C'est ton moment de gloire* se répéta-t-elle jusqu'à l'escalier de la scène. Là où, quand elle posa une première fois les pieds, Tamsin sentit son coeur battre trop fort dans sa cage thoracique. « Je suis désolée, je peux pas ! ». L'adolescente partit de l'auditorium en courant, tout en entendant certains chuchotement ou même rire de la part des autres filles. Pourtant, c'est bien dans une fac d'art dramatique que Tamsin étudia après le lycée. Sachant qu'elle n'était douée que pour ça et toujours poussée par sa famille, la jeune femme passa les auditions d'entrée avec succès. Fière et dans son élément, la jeune fille se sentait grandir de plus en plus et le regard des autres ne comptait plus pour elle ou en tout cas de moins en moins. C'est à ce moment qu'elle eut sa première histoire de coeur. Première et unique d'ailleurs et qui ne dura que quelques mois. Sheldon, un garçon tout droit venu du Canada et d'un an de plus qu'elle. Le genre de mec inaccessible qui ne peut être approché que par les belles, pourtant ce n'était qu'une apparence. Au contraire, Sheldon fut séduit par Tamsin qui deviendra sa petite amie jusqu'à ce qu'il rentre au Canada, après un décès dans sa famille. Même s'il n'est jamais revenu aux USA, ils ont gardécontact et sont toujours ami. Après être sortie de la fac avec son diplôme en poche, Tamsin-Mae n'avait qu'une idée en tête : percée à New-York et devenir une grande actrice. Toujours soutenue par ses parents et sa petite soeur, la jeune femme partit à bord de sa voiture pour parcourir les différents Etats, jusque New-York. Issue d'une famille modeste, elle n'avait pas forcément les moyens de voyager mieux que ça. Ca ne la dérangeait pas, au contraire. Sur la route, elle put rencontrer des gens sympa, avec qui elle a fraternisé. Son périple et son rêve s'arrêtèrent pourtant très rapidement, en Caroline du Sud. Premièrement, sa voiture tomba en rade et elle fut dans l'incapacité de payer les réparations et elle ne se voyait pas aller à New-York en autostop. De plus, elle avait rencontré une vieille dame qui, elle aussi, en son temps, avait rêvé de gloire et de paillettes. Celle-ci la mit en garde parce que ce métier est très dur, surtout pour les rondes et même pour les jeunes filles très combattantes. Cette vieille dame, Juliet, s'y était brûlée les ailes et avait fini seule, abandonnée et ruinée. Même avec toute sa volonté, Tamsin prit peur et se dit que peut-être, le cinéma n'avait pas de place pour elle. C'est ainsi qu'elle se retrouva à Myrtle Beach, comme caissière dans un cinéma au lieu d'être sur l'une des affiches qu'elle regardait tous les jours.