DARNELL-JUDE → comme un esclave en amour, c'est de toi que je m'injecte.

15 ans. « Jude, baisse cette musique avant que je vienne te retirer ta guitare ! » me criait souvent mon père. Moi je ne pouvais pas m'empêcher de rire à chaque fois. Il détestait ma musique, il ne la supportait pas et le fait que je décide de devenir musicien et non un grand avocat de renommé mondial le mettait en rogne. Les études de droit ce n'était pas pour moi, d'ailleurs les études tout court n'étaient pas ma taste de thé. Au lycée, j'étais sans arrêt distrait par mes autres camarades, c'était dûr de me concentrer quand la moitié de mes amis était dans la même classe que la mienne. Pour autant, je n'étais pas un cancre : mes notes n'étaient pas mauvaises quand je me mettais au boulot, j'ai même toujours été l'élève le plus compétant de mes années scolaires, ne me demandez pas comment. Seulement, gamin, je faisais très attention au regard des gens, je n'aimais pas passer pour l'intello de service comme on m'étiquettais sans arrêt, j'ai donc rapidement sombré : mes notes ont baissé, et l'estime de mon père a chuté. Il m'accordait toujours de moins en moins d'importance, mes joues se souviennent de ses gifles monumentales quand le bulletin se perdait dans la boîte aux lettres. Finalement, pour ne pas passer pour un moins que rien, je me suis tourné vers la musique. Un style pop rock insupportable pour les oreilles de mon père, cependant ma mère, elle, me soutenait, me confiant qu'il fallait que j'exploite mes talents, que ma voix sonnait très juste et même très jolie. J'ai donc amélioré mon talent, je suis incollable sur les accords de ma basse et de ma guitare. Je ne vis que pour cela : quelques notes griffonnées sur un bout de papier puis une chanson chantée à tue-tête pendant que les cris de papa se faisaient entendre jusqu'à l'étage du dessus. Moi, je les ignorais. Je m'enfermais dans ma bulle, dans mon monde et personne ne pouvait m'en ressortir.

18 ans. « Je t'aimerai toujours maman, je te le promets. » J'étais face à ce cercueil qui descendait dans ce trou. J'ai jeté un œil furtif autour de moi : toute ma famille était réunie autour d'elle. Ils pleuraient tous, un mouchoir à la main, serrant le poing pour ne pas craquer encore plus. Les larmes coulaient sur mes joues rosées, elle me manquait déjà. Ma meilleure amie se tenait à mes côtés pour me soutenir, elle s'appellait Alejandra et j'étais secrètement fou amoureux d'elle. J'ai attrapé sa petite main dans la mienne, puis je l'ai serré fort fort contre mon torse : elle avait toujours su être là dans les meilleurs moments comme dans les plus difficiles et c'est ce que j'adorais chez elle. J'avais 18 ans quand ma mère est décédée, autant dire qu'il s'agissait du pire jour de toute ma vie. Cet évènement a d'ailleurs renforcé ma sensibilité, j'ai même du suivre un psychologue pendant plusieurs mois afin de me remettre de sa mort. Elle était jeune, ma maman. Elle n'avait que 39 ans mais sa maladie l'a emportée.

Aujourd'hui. « Tu sais maman, elle est parfaite. Elle ne mérite rien de ce qu'il lui a fait subir, si je pouvais réparer son cœur brisé je le ferai, puis si je pouvais croiser ce couillon une seule fois, je lui en ferai baver. » J'aime venir me recueillir sur la tombe de ma mère. J'y viens tous les jours et je lui parle de ma journée, des sentiments qui me prennent, d'Alejandra... Pas même à ma mère décédée je suis capable de cacher mon amour envers elle. Depuis que nous nous sommes rencontrés, elle n'a fait qu'enchanter ma vie. Alejandra a une petite fille, elle vivait seule et s'occupait d'elle seule, je lui ai donc proposé de venir vivre avec moi. Peut-être était-ce une erreur car de ce fait je me sens aujourd'hui encore plus proche d'elle, donc encore plus accro, mais il m'était impossible de la voir souffrir par l'absence d'un père indigne. Je m'occupe de sa fille et d'elle comme je le peux, j'essaie de lui faire oublier le père de sa fille et il m'arrive même d'espérer pouvoir le remplacer. Je suis amoureux de cette femme à la beauté surnaturelle, mais je lui cache la vérité de peur de souffrir. Oui, je suis amoureux. Pour de vrai.