J’aimerai être un flan, un flan aux abricots...✿ Cassiopé

Allongée sur mon lit, je fixe le plafond quand ma mère suivie de mon père entre dans ma chambre. Depuis plusieurs jours, ils viennent me voir avant que je me couche. Ils s'assoient au bord de mon lit et ils me disent à quel point ils m'aiment et que si jamais il m'arrivait quelque chose ils ne se le pardonneraient pas. Je ne comprends pas pourquoi ils ne cessent de me répéter cela, je le sais déjà.

Ce soir pourtant, tout semble diffèrent. Ils semblent bouleversés, complètement anéantis et aucun des deux n'est capable de m'expliquer ce qu'il se passe. Ma mère s'approche de moi et me prend dans ses bras, je me blottis contre elle comme j'ai souvent eu l'habitude de faire depuis que je suis petite.

« Maman, qu'est-ce qu'il passe ? » lançais-je pour combler ce grand silence.
« Je ne sens rien ma chérie, nous n'en savons rien. »
« Mais, pourquoi vous faites une tête bizarre ? »

Je relève mon visage et croise le regard de ma mère. Elle semble tellement épuisée, des cernes se dessinent sous ses yeux.

« Ta maman est malade, Cassiopé. »

Mes yeux se posent instinctivement sur mon père qui vient de prendre la parole. Malade ? Tout le monde est malade un jour, il y a quelques jours encore j'étais malade et personne n'en a fait un drame, personne n'a réagi de cette manière. J'ouvre la bouche, prête à poser une énième question, mais mon père prend la parole en premier.

« Pas malade comme tu le penses Cassiopé. Elle a une maladie, une très grave maladie au coeur. »
« Si je ne me soigne pas...je risque de mourir. Et encore, même si je me soigne...je ne sais pas ce qui peut se passer. »

A ce moment-là, je baisse la tête vers le sol tandis que des larmes coulent de long de mes joues. Je n'ai pas tout compris, ce que je sais seulement, c'est que si elle ne se soigne pas, ma mère mourra. Vous imaginez ? Moi, je ne l'imagine pas. C'est tout simplement impossible à imaginer, je tiens tellement à elle, comment pourrais-je faire sans ma mère ?

« Je t'aime maman. » lâchais-je avant de lui déposer un baiser sur la joue. « Et, je suis certaine que tu ne mourras pas, pas maintenant, je te le promets. »

Elle me sert doucement dans mes bras, avant de déposer un baiser sur mon front et de sortir de ma chambre, mon père imite ensuite ses gestes et sors à son tour. Je me glisse sous la couette, la remonte jusqu'à mon visage et ferme doucement les yeux. J'en suis sûr, d'ici cinq mois elle sera encore là, même d'ici 10 ans elle sera encore, ici avec nous ; c'est obligatoire.



« Cassiopé ! Reviens-ici tout de suite ! »

Trop tard, je viens de passer devant mon père et je me dépêche de rentrer dans ma chambre et je lui claque ensuite violemment la porte au nez. Je m'étale sur mon lit et laisse ma tête se poser sur l'oreiller. La vie est vraiment injuste, pourquoi ? Pourquoi moi hein ? Je déteste ma vie, je déteste ce monde !

« Tu vas te calmer oui ! C'est tout aussi difficile pour toi que pour moi je te rappelle ! »

Je l'entends frapper contre ma porte et me lève en vitesse avant de me retrouver nez à nez avec mon père.

« Me calmer ? Vraiment ? Comment tu veux que je me calme hein ? La seule personne qui arrivait à le faire n'est plus là ! J'en... »

Je ne peux même pas terminer ma phrase que déjà les larmes me montent aussi. Cette personne, celle qui arrivait à me calmer lorsque j'étais dans un élan de fureur, celle qui avec quelques bonnes paroles et un câlin arrivait à me faire penser à autre chose, c'est ma mère. Elle n'est plus là, elle ne sera plus jamais ici. Plus jamais je ne la verrais entrer dans ma chambre, avec un sourire sur les lèvres avant de me demander si je suis partante pour une journée shopping. Plus jamais je ne pourrais rire avec elle, la maladie l'a emportée. Je me souviens encore, il y a quatre ans elle était venue m'annoncer avec mon père qu'elle était malade, je lui avais promis qu'elle n'allait pas mourir, pas maintenant, mais malheureusement je n'avais pas tenu ma promesse. D'un côté, à part la soutenir autant que je le pouvais, je n'avais rien pu faire d'autre. Mon père n'était pas médecin, je n'étais pas médecin, nous avions dû nous contenter de ceux qu'on trouvait et encore, ce n'est pas de leur faute non plus. Tous les jours, ça arrive ce genre de choses. Un être auquel on s'est tellement attaché part, où d'ailleurs ? Je n'en sais rien, peut-être le paradis, néanmoins est-ce que cela existe vraiment ? Ce que je sais maintenant c'est que j'ai perdu ma mère et ce pour toujours. J'ai quinze ans, je vais désormais vivre seule avec mon père et je ne sais pas non plus si un jour je m'y habituerai, pourtant il faudra bien que je passe à autre chose, je n'ai pas le choix de toute façon. Si je l'avais eu, jamais ma mère ne serait morte, conclusion : je n'ai pas le choix.



Cela faisait trois jours que mon père et moi sommes arrivés à Myrtle Beach, aux États-Unis. Et cela faisait maintenant cinq mois que ma mère est décédée. J'ai encore du mal à me faire à l'idée que je ne pourrais plus jamais la revoir, pourtant j'essaye de faire comme si tout était normal, comme-ci j'allais bien et pour l'instant je m'en sors plutôt bien. Nous habitons à Lenne Center, un des quartiers de Myrtle Beach. Bien sûr, nous aurons pu décider d'aller vivre dans un quartier plus chic, étant donné que ce n'est pas l'argent qui nous manque bien au contraire, si on a décidé de vivre dans ce quartier c'est parce ça me rappelle moi : ma mère et à mon père : sa femme. C'est tout ce qu'elle aimait, des pavillons, une épicerie au coin d'une rue dans laquelle elle aurait été chercher à manger et une rivière. J'en suis certaine, elle aurait vraiment aimé vivre ici.

En parlant de l'épicerie, je viens d'y entrer. Elle est plutôt grande, pour une épicerie d'ailleurs. Plusieurs rayons, avec chacun de la nourriture différente. Je ne sais même pas par où commencer. Je longe les rayons, à la recherche d'une sauce dont j'ai besoin pour le repas de ce midi. Je lève et baisse la tête, ne sachant même pas si les sauces se trouvent en haut ou en bas et ne regardant pas où je marche, je rentre dans quelqu'un, qui les bras chargés, fait tout tomber. Rapidement, je me penche pour l'aider à ramasser.

« Oh pardon, excuse-moi, enfin excusez-moi. Je ne regardais pas où j'allais. Je suis vraiment désolée. »

Le jeune inconnu que j'ai percuté rit doucement, avant de se lever et attend que je lui redonne ses produits, ce que je fais sans perdre une minute.

« Non ce n'est rien, ne t'en fais pas. Et d'ailleurs tu peux me tutoyer, tu ne fais pas beaucoup plus vieille que moi et je ne fais pas beaucoup plus vieux que toi donc. Je suis Alexander et toi ? »

Par politesse, je lui tends la main et tandis qu'il la serre je lui réponds.

« Enchantée Alexander, moi c'est Cassiopé. »
« Enchanté aussi Cassiopé. Dis-moi, tu es nouvelle par ici ? Tu semblais perdue... »
« Ça se voit tant que cela ? »
« Hm...plutôt oui. Puis, je vis ici depuis mon enfance, donc je connais beaucoup de monde et je ne t'avais jamais vu ici, donc j'ai pensé que tu étais nouvelle. »
« En effet je le suis, je suis arrivée en ville il y a trois jours. Et je ne me suis pas encore familiarisée avecq;q »
« Il faut juste du temps, ça viendra. Tu vivais où avant ? »
« Je l'espère. A Beverly Hills ; je suis née là-bas à vrai dire. »

« Ah d'accord, je vois. Je vais te laisser, je dois rentrer chez moi. Tu habites dans quel quartier ? »
« Lenne Center et toi ? »
« Lenne Center également, on se recroisera forcément. Puis, tu peux passer chez nous aussi, je te ferai visiter la ville si tu n'en as pas encore eu l'occasion. »
« Oui, ce serait une bonne idée. Je passerai donc te voir. A une prochaine fois alors. J'ai été ravie de faire ta connaissance. »
« Moi de même, à bientôt. »

Je souris doucement en le voyant s'éclipser vers la sortie. Pour une première rencontre en ville, ça se passe plutôt bien. J'espère que sera comme ça pour la suite. Myrtle Beach a l'air d'être une belle ville en tout cas, nous avons sûrement bien fait de venir vivre ici. Mon père, tout comme moi on avait besoin de changement et pour du changement, s'en est, il ne reste plus qu'à voir ce que ça donne.



J'ai rencontré Alexander depuis maintenant deux ans et depuis deux ans, nous n'arrêtons pas de nous voir. Il a un an de plus que moi, c'est-à-dire qu'il a 18 ans et moi 17 ans, mais mon anniversaire est dans une semaine. Quelques jours après cette rencontre dans l'épicerie, deux jours, en fait pour être franche, je suis allée le voir. Comme il me l'avait dit, il m'a fait visiter la ville et tous les beaux endroits qu'elle contenait. On s'est vraiment bien amusé et depuis cette journée on se voit régulièrement. Il arrive à me faire oublier mon passé, mais surtout la mort de ma mère. Quand je suis avec lui, je pense à autre chose. Je l'apprécie beaucoup, bien sûr ce n'est pas de l'amour non, mais simplement une réelle et sincère amitié, il est comme mon meilleur ami, du moins je le considère comme tel. Mon père aussi l'apprécie, il sait que grâce à lui je vais mieux et dans un sens mon père aussi va mieux. On remonte la pente, doucement, mais on la remonte.

Pour mon anniversaire, j'ai demandé un nouvel appareil photo. Le tout dernier à être sorti, je veux le meilleur. Mon père a accepté, car il sait à quel point la photographie est vraiment importante pour moi. Je m'y suis mise après la mort de ma mère, c'était quelque chose qu'elle aimait aussi et moi aussi j'y ai pris gout très rapidement. J'aimerai faire des études dans la photographie d'ailleurs, j'en ferai bientôt, après le lycée. Ce que j'aimerai devenir ? Une photographe professionnelle, très réputé dans le pays. J'aimerai partir faire des voyages à New York pour des photoshoots de mannequins ou autres célébrités, j'aimerai aller en France photographier tous les paysages que contient ce magnifique pays. J'espère que mon rêve se réalisera, parce que c'est vraiment ce que je veux devenir.



21 ans ! J'ai enfin 21 ans et j'en suis vraiment heureuse. Je vais prendre un nouveau départ, je vais déménager. Bien entendu, je reste dans la même ville, mais je veux déménager. Mon père est d'accord, il a même dit qu'il me payerait le loyer s'il faut, mais sur mon compte j'ai déjà beaucoup d'argent et je compte trouver un travail. Enfin, j'en ai déjà un. Après quelques années d'études, je suis devenue photographe et j'espère que d'ici un an je serai une photographe professionnelle. Cependant, pour l'instant je pense à autre chose. Mon déménagement. Dans un mois, je vivrai dans le quartier Wilden Side, contrairement à celui dans lequel je vis maintenant, il est beaucoup plus chic, justement c'est ce que je veux. J'ai besoin de vivre sans mon père, mais pas pour autant seul. J'ai prévu de demander, à Alexander s'il voulait venir vivre avec moi. Je sais que lui aussi aimerait prendre son indépendance et quitter ses parents, après tout nous sommes majeurs, rien ne nous empêche de vivre ensemble.

« Cassie, j'peux entrer ? »

Je pars lui ouvrir la porte de ma chambre et attends qu'il me rejoigne sur le lit.

« Tu voulais me parler n'est-ce pas ? »
« Oui...alors voilà, comme tu le sais dans un mois je déménage et je voulais savoir...si tu veux venir vivre avec moi. La maison dans laquelle j'ai décidé d'emménager est suffisamment grande pour nous deux, il y a un jardin aussi et euh...voilà. »
« Vraiment ? Tu me connais tout de même depuis longtemps maintenant pour savoir à quel point je peux être très énervant dans certains moments, à quel point je peux t'énerver rien qu'en te parlant toute la journée de choses inutiles et tu me proposes quand même de venir vivre avec toi ? »
« De nous deux, c'est moi la plus chiante et si tu ne veux pas tant pis. »
« Je dis OUI ! Mais, tu vas le regretter. »
« On verra, je mets ma main à couper que c'est toi sera énervé en premier. »
« Tu peux dire adieu à ta main alors. Bon, tu viens avec moi ? Je vais aller annoncer la bonne nouvelle à mes parents. Depuis le temps qu'il attendait que leur grand garçon quitte la maison. »
« Laisse-moi le temps de prendre mes affaires et j'arrive. »

Je vais enfin vivre sans mon père, avec mon meilleur ami et c'est vraiment ce dont j'ai besoin. J'ai besoin de lui et dans un sens il a lui aussi besoin de moi. Il ne reste plus qu'à voir ce que va donner la colocation. En tout cas, je suis rassurée je ne vais pas vivre toute seule. »



Comme le temps passe vite. Déjà deux ans que moi et Alexander vivons ensemble et en deux ans il s'est passé pas mal de choses. Je suis finalement devenue photographe professionnelle et il m'arrive souvent de partir pendant un weekend-end ailleurs pour faire des photos. Mais, ce n'est pas le plus important. Il y autre chose, il y a Alexander. Il y a deux semaines on a été à une soirée, pas très loin de chez nous. On sort souvent dans des bars par exemple, là c'était dans une soirée. On a bu, un peu, beaucoup et on s'est embrassé. Même si j'ai du mal à le reconnaitre, j'ai bien aimé. Puis, après un baiser la soirée s'est terminée au lit et depuis je ne sais plus où j'en suis. Je m'en veux d'avoir fait une énorme bêtise comme celle-là ; coucher avec mon meilleur ami et je me déteste, d'avoir aimé passer une nuit avec lui. Depuis deux semaines, on fait comme-ci de rien n'était, on continue de se parler, de sortir, de s'amuser c'est comme s'il ne s'était rien passé, mais je n'arrive pas à oublier cette soirée. D'habitude, quand je passe la nuit avec un garçon il ne se passe rien d'autre, juste une histoire d'une nuit, mais là c'est autre chose et ça m'énerve. Ça m'énerve de ne pas savoir ce qu'il se passe, ce que je ressens aussi. Pourtant, j'essaye d'oublier, mais sans grand succès. Alors, il ne reste plus qu'à voir ce que l'avenir nous réservera.